10 décembre 2006

Le paradis est où je suis



Sac au dos, guide en main et appareil autour du cou, j'ai quitté le mois dernier la brume pékinoise pour découvrir le sud du pays. Durant ce voyage, je n'ai pas pris le temps de mettre à jour ce blog devenu moribond. La censure chinoise a gagné une bataille, mais elle n'a pas gagné la guerre ! Je vais tâcher de mettre fin à cette période d'inactivité en partageant mon expérience dans les semaines qui viennent.



Des semaines en vadrouille autour de la Chine, des jours entiers à attendre des trains, des heures heureuses perdues dans le dédalle des villes, des balades sans fin sur les places de marchés au milieu des villages, rencontres avec des amis à l'autre bout du monde, randonnées seul avec les éléments, dialogues abrégés par un chinois en peine.



Par ou commencer pour raconter un voyage? Une fois n'est pas coutume, je vais aujourd'hui parler du voyageur plutôt que du voyage, introspection préalable du photographe amateur solitaire que j'ai été ces derniers temps. Je ne sais pas si ces lignes ont vraiment leur place ici, elles auront au moins le mérite de mettre un terme au mutisme de ce blog.



14'000. C'est le nombre de photos que j'ai prises cette année. Ce chiffre m'effraie et me donne le vertige. J'essaie de me comprendre : Quelle est ma motivation pour faire tant de clichés?



Ai-je un fantasme inconscient de mettre mes voyages en boite pour pouvoir les revivre?
Quelques secondes d'exposition cumulées pour moissonner ces giga-octets d'images, avec en filigrane l'illusion d'emporter avec moi textures, goûts, sons et odeurs. Autant d'espoirs déçus de fixer pour la postérité impressions et humeurs éphémères, quantité d'expériences qui forment ces voyages qui forment ma jeunesse. Est ce donc une tentative de maîtriser "le temps qui disperse, disloque, distend " dont parle Maurice Zundel, de pouvoir revivre éternellement ces moments privilégiés? Ai-je le secret espoir de faire mentir Alain Reymond qui titrait son autobiographie " Chaque jour est un adieu "?



Il me semble que non. Plutôt que la grande cause de l'éternité - et pour autant que ma conscience s'accorde avec mon inconscient - c'est d'abord la recherche du beau qui explique ma boulimie pour la photographie. Trouver l'angle, la lumière, le piqué et 'l'instant décisif' de Cartier Bresson, qui mettront en valeur le sujet qui se présente à moi. Rendre un hommage au monde qui m'entoure en cherchant ce qu'il a de plus beau avec l'espoir de le rendre visible aux yeux de tous. Tenter d'honorer cette formule du bonheur que nous livre Voltaire: " le paradis est où je suis "




Je n'ai pas la prétention de réussir dans cette entreprise, mais j'ai la conviction que le simple fait de s'y essayer constitue déjà une belle tâche, et justifie à elle seule le temps et les efforts investis. L'important est le chemin…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ose à peine poser quelques mots en bas des tiens ... Mais quand même essayer parceque tes "impressions de Chine" me touchent.. Petites lignes pour te dire qu'au delà des superbes photos et des commentaires subtils, c'est le voyageur que l'on aime suivre de loin. Un peu dans tes pas, un peu avec toi. Allez, je vais sauter dans un métro rejoindre mes MSU et autres exotismes à moi... Have a nice day !

Anonyme a dit…

Bénabar, "Les épices du souk du Caire" :

"Et ces photos souvenirs qu’on stocke acharné pour pas qu’on puisse nous dire qu’on n'a pas profité..."

A écouter !